Un mois de passé.
Trente jours où le soleil s’est levé chaque matin.
La vie suit son cours, le quotidien impose ses droits.
J’ai quitté mon job pour un autre dans une autre ville.
Marie vient d’avoir 16 ans.
Nous nous sommes toutes accordées devant ta tombe que nous ne devions pas laisser les jours, les semaines, les mois, nous tenir éloignées les unes des autres. Nous nous sommes engagées avec conviction de profiter plus de nous.
Et pourtant.
Les larmes coulent encore, inopinément.
Une pensée, une image, un échange te rappelle à nous. Un souvenir qui surgit de nulle part.
On s’accroche à nos téléphones, on abuse de Skype, WhatsApp, zoom, teams et autre, pour garder le lien. Mais la conjecture s’est liguée contre le monde entier.
Le vide est présent. Ton vide.
Un pan de table où tu t’asseyais d’habitude. La tasse de café et la pause cigarette sur la terrasse.
La bière mousseuse qui reste au frais. L’autocuiseur en mode off sur le plan de travail.
Des moments de colère qui gonflent comme un soufflet et qui retombent l’instant suivant.
Il n’y a plus rien à faire.
Un mois.
La plaie n’est pas encore cicatrisée.
Elle le sera, elle l’est toujours.
En attendant, je te crée un monde et j’imagine une histoire où tu deviens une reine.
Une histoire Aux Larmes Bleues, comme le bleu de tes yeux.
À MON AMIE