Lettre à ma douleur

 

 

Oh lancinante douleur,

Tu me tiens compagnie jusqu’au bout de la nuit.
Tu me caresses l’âme comme un amant caresserait mon corps.
Tu glisses à travers moi, t’enroulant autour de chaque cellule, chaque os telle une liane autour d’un arbre.
Tu m’embrasses, me tenant réveillée jusqu’à épuisement.
Tu t’invites dans mes rêves, les remplissant de couleurs.
Son distordant qui dysharmonise l’ensemble.

Oh vivante douleur,
Tu me parles de parties de mon corps, me rendant attentive aux rouages grippés.
Je me lève chaque matin affichant les traces de ton étreinte.
Je me couche chaque soir lasse de ton impétuosité présence.
J’ai beau te supplier de m’abandonner, d’aller trouver une autre amante, un autre amour, tu t’enchaines à moi tel un parasite.

Je rêve de douceur, je rêve de liberté, je rêve de normalité, mais du haut de ton orgueil, tu balaies d’une main mes maigres espoirs.
Tu es maîtresse en mon domaine et tu t’arranges pour que je ne t’oublie pas.
Exigeante, obligeante, sans cœur, tu m’imposes ton rythme, tes limites.
Alors que ma flamme de vie lutte, tu te bas aussi durement que le dernier des désespérés.
Si je gagne, je te tue.
Si je perds, me tueras-tu ?
Si je gagne, je vis.
Si je perds, je te tue.
De toi à moi, cesse d’être égoïste et rend moi ma vie, mon sommeil, ma bonne-humeur.
Cesse de te cacher derrière chaque articulation de mon corps et poursuis ta route ailleurs.
Je demande le divorce. Quitte-moi !
Cesse de me tourmenter, je ne t’appartiens pas.

Oh lancinante douleur,
Ta chanson fait échos dans chacun de mes creux.
Je t’admoneste, tu souris.
Je pleure, tu te gosses.
Je te combats, tu te vivifies.
Ma lutte paraît vaine. Ta réponse est créative et immédiate.
Malheureusement, tu remplis également mes temps de pause.
Tu es chevillée à mon corps sans autre contrepartie que le plaisir de me voir défaillir sous ton emprise.
J’aimerais dormir, juste dormir, me reposer. Pas devenir un autre Dormeur du Val. Juste un rayon de soleil qui passe dans l’interstice, annonciateur du jour qui se lève et des merveilleuses choses qu’une journée qui commence peut apporter.
De toi à moi, le monstre assoiffé de sang, c’est toi.
Je te nomme indésirable et j’ai la ferme intention de te déloger de ton squat.
Détruis ce temple et il renaîtra, plus beau et plus fort qu’auparavant, lavé de ta souillure.
Ne m’en veux pas. Ce n’est pas toi, c’est moi.
Enfin si, c’est beaucoup toi. En fait, ce n’est que toi. Nous ne sommes pas compatibles.
Notre relation n’a pas lieu d’exister.
Si je t’ai donné de faux espoirs, je te prie de m’excuser.
Seulement et sans conteste possible.
Voilà ce que je pense : Vire de là !

 

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